Comment on devient docteur en médecine
La première des choses est de trouver une date pour soutenir sa thèse.
Combiner les emplois du temps surchargés de plusieurs professeurs de médecine, de soi, et les disponibilités des salles de thèse. Résumée en une phrase aussi minuscule, banale et ridicule, cette étape paraît dérisoire. Grand Dieu non ! Du temps, de l'énergie, des coups de fil répétés et incessants pour tenter de joindre désespérément chacun des potentiels membres du jury, des échanges de mail qui n'en finissent pas... Tout cela en étant présent à l'hôpital pour remplir son rôle d'interne. Difficile, donc.
Ensuite, étape plus personnelle : prévenir ses proches pour les réunir en ce jour si particulier. La consécration au bout de 10 ans, il est temps !
Se vêtir de son plus bel apparât, costume pour les uns, tailleur pour les autres. Il faut savoir investir dans des tenues classes, au moins une fois dans sa vie de médecin. Oui, car d'habitude, c'est jean-baskets planqué sous la blouse. Là, pas de masque. Juste soi, et il faut assurer. Autant paraître éclatant, même si cela reste superficiel, mais au moins ça donne une très belle première impression. Une belle tenue, ça en jette.
Se préparer psychologiquement à l'exercice délicat et inhabituel de la prise de parole en public.
Curieusement, ça change des topos présentés à la hâte lors des staffs hospitaliers, ou encore lors des cours.
Même si la soutenance est une formalité, elle n'est reste pas moins intense et angoissante. On présente son travail, que dis-je, son dur labeur (!), face à un jury qui juge notre prestation publique du moment, ainsi que notre façon de présenter oralement, nos mimiques, nos tics de langage... Tout est passé au crible.
Il faut ainsi savoir lutter contre les "euh...", les répétitions pourtant si faciles à enchaîner, les mains moites, la voix chevrotante. Ne pas oublier de regarder son public. Parler avec les mains si cela aide... (moi oui !). Se promener, mais pas trop. Transpirer le naturel.
Pas de recette miracle. Savoir rester concentré malgré tout, et passionné par ce travail qui représente l'apogée d'une dizaine d'années d'études et qui couronne tout l'investissement personnel mis en jeu. Ce n'est pas rien... Apprendre à être fier de ce que l'on a pu produire, même si c'est toujours critiquable et pas forcément parfait, mais ça a le mérite d'avoir été réalisé avec envie, acharnement, rage et passion.
Rester soi-même. Et le tour est joué.
Ah oui ! Dernier détail : avoir pondu une thèse, avant.