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L'internat en général...
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21 septembre 2008

Mélancolie du Sénégal

  SSA58917Coucher de soleil à N'Dangane

Petites pensées concernant mon voyage d'été au Sénégal... qui se transforment en plongée dans des souvenirs fabuleux !
Et tout ceci aboutit à réouvrir mon dossier de photos, et me voilà repartie à faire défiler les quelques 2000 clichés pris durant cet été. Obligée de partager ce moment d'émotion intense...

    L'adresse de mon blog de Dakar, pour voir les articles et surtout les photos : ici

     J'ai vécu une expérience humaine et professionnelle inouïe, avec des moments enrichissants et d'autres plus difficiles, mais en résumé ce n'était que du bonus.
Le service où nous sommes allées est l'un des meilleurs du CHU de Dakar, avec des médecins absolument géniaux, qui nous ont accueillies les bras ouverts. Le niveau de la formation médicale et leur compétence est semblable au nôtre, j'en étais presque étonnée.
Ce qui fait la différence d'avec la France, c'est le manque de moyens flagrant.

    Là-bas, même réaliser une prise de sang peut relever du parcours du combattant. Chaque acte ou traitement à administrer est d'abord examiné par la famille, pour qu'elle étudie si elle a les moyens financiers adéquats pour payer les soins.
J'étais en maladies infectieuses, et c'était extrêmement frustrant de ne pouvoir traiter correctement une infection, car l'hémoculture ne pouvait être réalisée !

    Le service possède une unité de soins intensifs (laissez-moi préciser...) : en fait, c'est juste une salle avec moins d'une dizaine de lits, avec... aucun matériel. Pas même un scope, ou de l'oxygène disponible pour les patients.
Quand j'y suis passée, c'était horrible car j'ai eu 100% de mortalité. Le lundi matin, en arrivant, je me demandais toujours si mes patients avaient réussi à tenir le week-end... la plupart du temps, non. Soit ils étaient venus consulter trop tard, et leur méningite ou neuropalu était trop avancé ; soit on n'avait pas pu les traiter et donc l'infection avait terminé sa mission.

    Les pathologies rencontrées sur place étaient un mélange entre des connues (méningites, coma, pneumopathies...) et des grandes inconnues (neuropalu, tétanos...).
C'était génial et enrichissant d'un point de vue sémiologique, j'ai révisé et même appris des détails de l'examen clinique ! Les médecins n'ont que ça effectivement pour diagnostiquer... ils ne peuvent pas se reposer sur une simple num, ou même une hémoc.

    C'est un fonctionnement de la médecine qui m'était totalement étranger. J'ai essayé de faire mon rôle d'externe, voire de mini-interne dans ce service, mais c'était frustrant.
Frustrant de ne pouvoir apporter plus d'aide, par manque de moyens.
Frustrant de ne pouvoir sauver les patients, par manque de moyens.
Frustrant de se sentir si seul et abandonné, d'avoir l'impression de se battre gentiment avec ses petits bras pour rien au final, par manque de moyens.

    Je suis sortie de là admirative des médecins sénégalais qui se battent chaque jour avec quasiment rien.
Consciente également de la chance qu'on a ici dans notre pays, grâce à la Sécu, qui permet quand même un accès aux soins pour tout le monde. Et ça, même si c'est un système difficile à gérer et qui est en déficit permanent, il faut essayer de le préserver.
C'est hallucinant de ne pouvoir traiter une simple infection, par manque de moyens ! Un petit examen du sang pour identifier la méchante petite bactérie qui se balade, et hop ! Le bon antibiotique, et on est reparti comme en 14 !!
Et bien non, ça ne marche pas toujours comme ça. Et je l'ai appris là-bas...
Au moins, ça m'aura ouvert les yeux... j'ai découvert une façon de faire différente, avec peu de moyens, mais en se basant sur chaque micro-détail de la clinique, comme si nos yeux se transformaient en ceux de Superman et qu'on scrutait le patient sous tous les angles.
C'était génial... c'est une expérience inoubliable, que j'ai envie de partager avec la Terre entière ! Si je m'écoutais, je pourrais parler de mon voyage et de mon stage pendant des heures.
Je veux encourager chaque étudiant en médecine à partir découvrir la médecine à l'étranger. Pas forcément en Afrique, même en Europe, ou aux Etats-Unis, qu'importe... du moment qu'on s'ouvre volontairement à un savoir-faire différent. Ce n'est que du bonus pour nous plus tard... pour notre future pratique médicale, pour nous tout simplement, sur le plan humain.

    C'était difficile de préparer ce voyage alors que j'étais en D4. J'avoue que parfois j'avais (sans doute) mieux à faire que de faire des recherches sur Internet sur l'hôpital, ou alors à contacter les anciens externes qui étaient déjà partis là-bas, ou encore à essayer de dénicher une bourse histoire de survivre financièrement !
Mais d'un autre côté, ça me donnait un but, un "après-ENC" : je partais au Sénégal. C'était comme une bouée de sauvetage, sur laquelle je me rattachais aveuglément quand je me sentais couler sous les révisions.
Je ne regrette pas une seconde cette formidable expérience que j'ai vécue, même si je ne l'ai pas préparée à 100% comme je voulais. Je n'ai pas eu le temps de gérer des détails, et franchement c'est pas si grave. L'essentiel était prêt... Et tout ceci ne m'a pas pénalisée à l'ENC !! Je ne peux pas imaginer une seconde que les heures que j'ai perdues à souffler et à reprendre du courage et de l'espoir, m'ont fait perdre quelques centaines de places !

    A diffuser largement à tous les étudiants en médecine de France et de Navarre : partez !
Allez découvrir un autre pays, une autre culture, une autre vision du monde !
Allez vous ouvrir les yeux, le coeur et le cerveau avec une approche différente de la médecine !
Allez vous découvrir vous-même, surtout si vous n'êtes PAS du genre aventurier (comme moi)...
Et allez-y l'été de la D4, c'est le meilleur moment de vos études : vous venez de vivre une année éprouvante avec la préparation de l'ENC, prenez donc une grande bouffée d'oxygène. Et ce, avant de débuter une nouvelle tranche de vie avec l'internat...

    Ce voyage m'a apporté beaucoup. J'ai l'impression d'avoir appris à relativiser certains détails matérialistes de notre société, et de m'être "zénifiée" (ça ne m'a pas fait de mal, croyez-moi).
J'ai le sentiment de m'être ouverte à une autre vision des choses, et tout ceci m'a donné envie de voyager encore plus, pour découvrir encore plus.

    Pour devenir une vraie petite citoyenne du monde...


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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> Je me permets de laisser un commentaire sur votre blog car je n’ai pas trouvé de mail direct pour vous contacter.<br /> <br /> Cela concerne certains de vos articles que je trouve très intéressants.<br /> Pouvez-vous me contacter à l’adresse suivante : manuel.voyageur[AT]gmail.com ?<br /> <br /> Merci pour votre réponse et à bientôt,<br /> <br /> Manuel.
C
Ca donne envie de partir !<br /> Une de mes amies est partie en Guinée-Conacry, et en est revenue avec des étoiles pleins les yeux. Là-bas aussi le problème est le manque de moyens.<br /> <br /> Le problème reste toujours le même : les sous !<br /> Tu as pu avoir quoi comme aide(s) pour partir ?
T
wahou tu en parles drolement bien :-)
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