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L'internat en général...
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12 février 2009

Mr Cafard

    Mon expérience au SMUR me permet d'appréhender la médecine différemment. On entre au sein de l'intimité des gens, chez eux, dans leurs murs, dans leur vie.
C'est une prise en charge pré-hospitalière, avec quelques aides techniques mais qui restent limitées : pas de labo pour avoir une troponine en urgence par exemple, pas de plateau technique radiologique pour un scanner ou une radio...
C'est un exercice qui me rapproche un peu de la médecine de ville, où le principal tient dans l'interrogatoire et l'examen clinique policier.

    Quelques exemples, juste pour voir...

    Appel pour une fausse route dans un grand restaurant connu pour servir de très bonnes (et énormes) viandes. A notre arrivée, la patiente va super bien, elle est toute rose et respire normalement. Son mari n'a pas hésité à plonger au fond de sa gorge pour retirer l'imposant morceau de viande qui n'avait rien à faire là.
Le serveur du restaurant est venu me demander quoi faire s'il avait un client qui s'étouffait à nouveau...
Je pense qu'une formation serait nécessaire pour les serveurs de ce genre de restaurant !

    Une douleur thoracique atypique avec une dyspnée de repos chez un monsieur de 58 ans qui en fait facilement 10 de plus, et absolument pas suivi sur le point médical. Il doit présenter tous les facteurs de risque cardio-vasculaire du monde, mais a priori non connus ni suivis.
Il refuse initialement toute prise en charge médicale, mais revient sur sa décision, quand il constate, piteux, qu'il n'arrive même pas à se relever tout seul du canapé à cause de ses difficultés respiratoires.
Dans le camion, chacun y est allé de son point de vue : infection pulmonaire, insuffisance cardiaque, embolie pulmonaire, néoplasie pulmonaire...
Un loto totalement morbide !

    Et enfin, notre grand gagnant (pour l'instant en tout cas) :
Appel pour des difficultés respiratoires chez un papi de 84 ans, dans un immeuble en face de l'hôpital. Les pompiers sont déjà sur place, et demandent néanmoins une aide médicale mobile, plutôt que de prendre le risque d'amener eux-mêmes le patient.
Nous arrivons dans un quartier assez populaire, dans un immeuble peu entretenu.
Le pire est à venir.
Nous montons au 3e étage et pénétrons dans l'appartement du patient.
Direction la chambre du monsieur pour l'examiner et le prendre en charge rapidement.
Je me concentre tout d'abord sur le patient, et l'observe pour me faire une idée première sur la gravité clinique. Il est déjà sous oxygène depuis l'arrivée des pompiers, mais a toujours du mal à respirer. Il tire et lutte, il est polypnéique et en sueurs.
On tente de l'assoir pour l'aider à mieux respirer, et c'est à ce moment que je le voie. Un énorme cafard qui se promène sur le matelas du patient, pour disparaître sous son oreiller.
...
Et là, je prends conscience de l'environnement du patient.
Hallucinant.
Indescriptible.
Moi-même, il m'arrive de ne pas ranger mon appartement, ou d'avoir un peu de bordel qui traîne. Mais là ! Sans vouloir juger, il n'y avait aucune hygiène dans ce logement.

    Après cette vision intéressante, disons que la suite de l'examen clinique a été... difficile.
Quoi qu'il en soit, direction les urgences pour essayer de bien soigner le patient, et de probablement entamer un processus de placement.

    C'est parfois gênant d'entrer dans la vie des gens comme ça... et parfois très bizarre.

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Commentaires
V
Je suis assez d'accord avec la dernière phrase de ton post (même si je tempèrerais le "horrible")...
L'internat en général...
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