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L'internat en général...
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30 septembre 2009

Une journée, comme ça...

   Une journée qui débute comme tant d'autres auparavant, et comme tant d'autres qui se profilent à l'horizon.
Arrivée dans mon service à 9h, enfilage de l'habit blanc immaculé et hop, c'est parti.

    On commence sur un rythme plus soutenu que d'habitude, avec un staff très motivé, et des chefs (une particulièrement) qui a envie de faire sortir tous les patients aujourd'hui.
Mmh, ok, mais on va peut-être pas vider tout le service en une fois, si ? Surtout qu'il y a des jours où personne ne sort... Va comprendre la machinerie hospitalière.
Et un petit compte-rendu dicté à l'arrache en 5 minutes pour une patiente qui sort en maison de repos. A peine quelques erreurs !

    Découverte des nouveaux patients.
Normalement, ça va vite... euh non, avec moi, jamais. Je prends toujours vachement de temps, et je ne me base pas entièrement sur les observations précédentes, pour la simple et bonne raison que je sais très bien ce que donne une observ' faite à la va-vite en fin d'après-midi. Des imprécisions, des oublis...  ce qui est tout-à-fait compréhensible, et on est tout de même sensés vérifier et compléter le lendemain.
Et hop ! un banal syndrome infectieux qui se transforme au fur et à mesure de la relecture du dossier en syndrome malin des neuroleptiques ! Un diagnostic que je ne connaissais qu'en théorie, et qui m'a fait appeler le réa par mesure de précaution.

    Puis on enchaîne, la routine.
Les patients hospitalisés qui posent des différents problèmes : le problème pour lequel ils sont entrés (ce n'est pas la majorité), les problèmes qu'on a découvert en explorant le problème pour lequel ils sont entrés (plus nombreux), et les problèmes apparus secondairement pendant l'hospitalisation (la majorité).
Les patients qu'on aime bien, et pour lesquels on accepte de perdre du temps à discuter ; et ceux au contraire dont la tête ne nous revient pas, sans comprendre vraiment pourquoi, mais qu'on rechigne à aller voir chaque matin.

    Puis déjà 13h, la visite à peine achevée, on enchaîne avec un cours "dispensé aux internes", soit disant obligatoire...

    Puis l'après-midi, avec la fameuse CV (comprenez contre-visite, pour voir les entrants de l'après-midi).
Les entrants, les dossiers, les familles à rassurer et à gérer...
Et la dernière entrante qui monte à 17h50 alors qu'on l'attend depuis 16h, et que je dois descendre aux urgences dans 10 minutes... Eh, comment je fais moi ?

    18h. L'heure du drame. Boum boum. Boum boum. Le coeur qui s'emballe juste ce qu'il faut pour nous mettre en alerte, nous faire sécréter suffisamment d'adrénaline pour se motiver.
Le couloir de la mort... plein de patients allongés sur les brancards, plein de brancards dans tous les couloirs. Le bordel, quoi.
Les patients arrivés à 14h qui n'ont pas encore été vus. Ceux du matin, ceux de la nuit et ceux de la veille, qui sont toujours aux urgences faute de places disponibles.

    Un patient, en soins palliatifs pour un cancer du foie qui vient pour avoir une ponction d'ascite, parce qu'il a du mal à respirer. Il me réclame ses traitements pour le lendemain, parce qu'il n'a pas la sécu. J'hésite, il y a pas mal de stupéfiants, et je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas à l'aise. Je sens que tout n'est pas si limpide que ça, et qu'il me roule gentiment et poliment dans la farine.
Heureusement, on n'a pas tous les médicaments dans l'hôpital, chouette j'ai mon excuse.

    Une jeune fille de 18 ans qui consulte pour la 3e fois en 4 jours pour céphalées.
Elle a l'air bien, elle n'a pas l'air de somatiser donc il faut pousser les investigations.
Pas de fièvre, personne ne croit à la méningite mais on va faire la ponction lombaire quand même, parce qu'on sent tous que quelque chose cloche, sans arriver à expliquer quoi.
Bingo ! 900 éléments, dont 90% de lymphocytes. Une jolie petite méningite virale.

    Une gentille mamie qui vient pour avoir chuté chez elle et avoir passé la nuit au sol. Le pain quotidien des urgentistes. C'est toujours horrible à entendre, pourtant si difficile de juger. Que celui qui appelle sa grand-mère tous les jours, ou qui rend visite à sa voisine chaque jour fasse un signe !
L'isolement des personnes âgées est délicat à appréhender.
Alors on passe au-dessus, histoire de ne pas se faire bouffer par chaque patient. Sinon, on ne tiendra pas longtemps.
Une rhabdomyolyse en bonne et due forme, traitée par une perfusion magique, et ça repart !
 
    Plein d'autres patients, plein d'autres exemples, plein d'avis dans les étages pour tout et n'importe quoi.
Pas de dodo.
Et le chef du lendemain matin qui m'agresse sur une prescription faite par un autre médecin la veille, et que je n'ai pas eu le temps de corriger.
Comment dire... aucune envie de m'expliquer, ça me passe au-dessus. Si tu as envie de gueuler sur moi, fais-toi plaisir. Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, j'ai enchaîné sans réussir à me poser avant 5h50 du matin, mais t'as raison, passe tes nerfs sur moi dès 9h du matin.
C'est toujours sympathique, les transmissions du matin. Surtout avec des gens qui ne conçoivent pas qu'on fasse des conneries en plein milieu de la nuit, et qu'ils sont là pour compléter notre prise en charge, voire parfois corriger.

    Enfin, 9h50, je quitte l'hôpital.
25h que j'y suis. Un seul vrai repas. Et beaucoup de patients.
Retour à mon home sweet home. Une bonne douche, un  second vrai repas... et ça repart. Pas le temps de me poser plus d'une heure.
Je repars à ma fac pour une journée de cours. A peine fatiguée...

    Puis enfin, je m'écroule. Sans crier gare, sans réussir à dire ouf.
Une bonne journée de 39h, comme j'en ai parfois, et heureusement pas trop souvent.
Et même si elle a été dure par bien des côtés, je suis toujours heureuse de l'avoir vécue, parce que j'ai encore appris plein de choses : pour mon métier, sur les patients, et surtout sur moi, sur ma capacité à résister au choc, à mes réactions parfois impulsives et non contrôlables quand je n'ai ni mangé ni dormi depuis un bon bout de temps.

    Juste une journée, comme ça...


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Commentaires
T
j'allais dire "ça fait envie", mais + on s'en approche et en fait moins ça fait envie... surtout la remarque du médecin à 9h du mat pour les trans'... je n'ose pas imaginer ma réaction à ce moment-là mdr ^^ on verra dans 3 semaines ! <br /> <br /> ce que j'aime bien dans ce genre de journée, c'est qu'on ne voit pas que ça dure 39h, tellement on a de quoi s'occuper ! <br /> <br /> bisous :-)<br /> <br /> des fois, je regrette de pas avoir pris MG... des fois non...
O
Tu es courageuse ! moi je tiendrais pas le choc, je suis une marmotte qui a besoin de beaucoup dormir.
L'internat en général...
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