Je t'aime moi non plus
Un stage de six mois, c'est à la fois long et rapide.
Long, parce que si on ne s'entend pas avec ses collègues, ou si l'ambiance est pesante dans le service, ou encore si la quantité de travail paraît insurmontable, ou etc... - eh bien la libération prévue six mois plus tard nous semble très lointaine.
Rapide, parce qu'en même temps, on s'habitue, on prend ses aises petit à petit, on prend aussi ses marques et on fait contre mauvaise fortune bon coeur. Après tout, on est là pour six longs mois, autant que tout se passe bien ! Et tout commence avec un soupçon de bonne volonté.
C'est assez original côté professionnel. Peu de formations permettent des stages de six mois comme les nôtres, obligatoires et s'enchaînant inlassablement jusqu'à la fin de notre internat.
Un ingénieur fait rarement un stage de six mois, c'est plutôt un an voire plus si affinités...
C'est tout de même bien comme système, parce qu'il nous permet de "visiter" différents hôpitaux, de connaître différentes équipes, parfois différentes manières de faire, et je trouve que s'adapter au sein de chaque stage est finalement très enrichissant pour chacun d'entre nous.
Je trouve à chaque fois que c'est difficile de tout recommencer à zéro : personne ne me connaît, il faudra une fois de plus prendre patience, me présenter, et aussi faire mes preuves.
Même si je grandis dans mon internat, et que je deviens 3e semestre, je vais arriver morte de trouille le premier jour. Le coeur qui bat sourdement dans ma poitrine, la voix un brin chevrotante, les doigts qui tremblent juste un peu... tout cela mêlé à de l'excitation de découvrir mon nouveau terrain de jeu pour les six mois suivants.
Repérer les lieux, ne pas me paumer lors de ma première garde, me présenter à l'équipe paramédicale, me souvenir de tous les prénoms (et ce n'est pas une mince affaire...), faire mes preuves et en même temps savoir quand appeler mes chefs... et apprendre, sans cesse apprendre mon nouveau métier.
Et ce qui m'interpelle le plus en ce moment : les collègues.
Une relation très particulière.
Les co-internes.
Six mois à se voir tous les jours, à devenir proches, potes, parfois amis.
Ou alors six mois à devoir se supporter cordialement, alors que le courant ne passe pas.
Ce qui pose problème, c'est quand on ne peut pas se voir. Situation très cocasse, parce qu'on ne peut pas casser du sucre sur le dos de ses collègues, on est tout de même dans le même bateau, et malheureusement un minimum de soutien est nécessaire. Même si on ne peut pas se blairer.
Le statut de l'interne est assez bancal, tout se joue sur une majorité d'exploitation, mais avec le sourire. Tout le monde est passé par là, pourquoi changer le cercle vicieux ?
On doit pouvoir se soutenir, se serrer les coudes face à l'emploi du temps, à la charge de travail, aux équipes paramédicales anti-interne (si si, ça existe, même si c'est rare, heureusement !), aux chefs parfois absents et peu pédagogues...
Relation basée sur le faux-cu-ïsme avant tout. Manipulation, sourire par devant et doigt d'honneur par derrière...
Genre on est les meilleurs potes du monde pendant six mois, et dès le dernier jour achevé, on s'oublie mutuellement.
Mais heureusement, il y a des belles rencontres, des amitiés toutes neuves qui durent. Heureusement.
Au revoir, 2e stage d'internat.
Au revoir, 1ère année d'internat.
Putain, comme le temps passe vite.