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L'internat en général...
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8 avril 2009

Injustice

   Les urgences pédiatriques sont à côté des urgences adulte. La salle de déchocage sert à la fois pour la médecine, la chirurgie et la pédiatrie, même si la plupart du temps, c'est la médecine qui l'emporte.

    Je suis en train de rédiger une observation dans le poste de soin, quand mon co-interne qui sort du déchoc me dit : "oh là là, y'a une gamine au déchoc, ils sont en train de la masser".
Mmmh ok, je vais éviter d'entrer au déchoc durant les prochaines minutes. Il y a toujours trop de monde pendant une réanimation, et je n'imagine même pas le nombre de personne lors d'une réanimation pédiatrique.
Aucune envie d'assister à cela, ce doit être assez difficile.

    J'entends au fur et à mesure des gens qui sortent du déchoc la suite des évènements. Les chefs de médecine sont venus aider les pédiatres, qui semblent impuissants face à cette gamine. Elle a 2 ans, elle est amenée par ses parents pour asthénie depuis 3 jours.
Puis soudain, elle somnole puis arrêt cardio-respiratoire.
Les pédiatres sont dubitatifs, et tentent de comprendre ce qui a bien pu se passer.
La réanimation s'éternise.
La tension est à son comble au déchoc. L'ensemble de l'équipe médicale et paramédicale tente le tout pour le tout... personne ne comprend pourquoi cette fillette sombre petit à petit vers la mort, et surtout personne ne veut arrêter la réanimation. L'espoir persistera jusqu'au bout.

    On arrête la réanimation. Il faut prévenir les parents, et discuter avec eux. Pour comprendre ce qu'il s'est passé, on a besoin d'explorations port-mortem.
Je n'ose imaginer l'état des parents. Rien ne laissait présager cette mort subite.

   Au bout d'une heure, je suis forcée de rentrer au déchoc. Je vois l'ensemble de l'équipe effondrée, réunie autour de ce petit corps inerte pour lequel tout le monde s'est battu.

    Le scanner cérébral montrera une grosse tumeur maligne de la fosse postérieure. Rien n'aurait pu la sauver, du moins à long terme. Aucun signe ne pouvait laisser apercevoir ce sombre pronostic.
Je suis limite soulagée qu'on ait découvert quelque chose qui explique le décès de l'enfant. C'est un sentiment inavouable, mais j'ai quand même l'impression que ça permet de comprendre. Pour la famille, et aussi pour les soignants.
Personne ne pouvait prévoir, personne n'a eu tort, personne n'a mal agi.

    Mais tout le monde en est sorti marqué au fer rouge.
Une réanimation pédiatrique, c'est rare. Pourvu que je n'en voie plus jamais.

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Commentaires
V
Triste histoire...mais comme tu le dis, il n'y avait rien à faire...<br /> <br /> Heureusement que souvent, les urgences pédiatriques se limitent aux entorses, doigts de porte, appendicites,... pour ce que j'ai pu voir pendant mes gardes côté chir.
L'internat en général...
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